L'IMAGE
DES ADOLESCENTS RONGÉE PAR LES MYTHES
Cloutier,
R. (1995): revue québecoise de psychologie , vol. 16,
no 3
De nos jours, on a tendance à parler
des adolescents qu'en faisant allusion à leur mauvais coups. On
ne parle que d'eux positivement pour rapporter leurs réussites sportives.
Les adultes disent que les adolescents veulent aller trop vite, ils pensent
que ce n'est qu'aux adolescents que revient l'adaptation et non à
eux. Pourtant, ce n'est qu'une minorité d'adolescents qui ont de
sérieux problèmes et on s'appuie que sur un fait pour généraliser.
Les statistiques varient selon plusieurs facteurs comme les personnes étudiées,
les périodes données, les délits rapportés.
C'est pourquoi nous ne pouvons avoir le vrai portrait de la réalité.
Plusieurs
mythes sont entretenus à propos des adolescents
au Québec dont :
Les
adolescents se droguent, ils sont de plus en plus violents, ils font l'amour
à 13 ou 14 ans et n'ont pas de projets d'avenir.
Cependant, des études faites sur
l'âge des relations sexuelles révèlent que la majorité
des individus ne deviennent actifs sexuellement qu'après l'âge
de 16 ans, exception faite des adolescents faisant partie de la clientèle
des centres de jeunesse du Québec où la moyenne d'âge
passe à 13 ans. Donc, les résultats des études vont à l'encontre
des mythes.Les
gens, de nos jours, croient
que la plupart des adolescents sont violents
1. les adolescents sont de plus en
plus violents
La violence, pour
les jeunes, se caractérise par des contacts visuels sonores et imaginaires.
Pourtant cette violence n'émane
pas d'eux; les jeunes en sont plutôt les victimes que les auteurs. La violence est plus fréquente
chez les garçons que les filles. Le milieu, l'environnement d'apprentissage
des jeunes, est un facteur de violence juvénile.80% des répondants échangent
plutôt des paroles blessantes et 50% utilisent des coups entre eux. Les élèves se disent moins
de paroles blessantes qu'ils en disent à leur professeur. Les élèves échangent
plus de coups entre eux qu'ils en donnent ou en reçoivent de leur
professeur. Il est plus fréquent que les membres
d'une famille s'échangent des coups qu'entre les parents. Ils est plus fréquent, pour les
garçons, d'échanger des paroles blessantes avec son père.
Les filles reçoivent et donnent
plus de coups que les garçons. Les échanges de paroles blessantes
sont plus fréquentes avec les garçons. Les gars donnent plus de coups tandis
que les filles en reçoivent plus. Il est plus fréquent
que les garçons se disputent. Rien ne permet d'affirmer que les ados
sont plus violents que leurs parents même si l'environnement des
ados est plus violent.
2.
Les adolescents se droguent et cela augmente sans cesse
Source:
Cloutier, R. Legault, G., Champoux, L. & Giroux, L. (1991) Les habitudes
de vie chez les élèves au secondaire. Giroux, L. &
Legault,
G. (1994): La consommation de drogues illicites chez les filles et garçons
du secondaire et les conduites suicidaires.
Consommation
de cigarettes, alcool et drogues chez
les élèves du secondaire au Québec en 1991 et en 1994.
Voir le tableau ci-dessus
- En 1991, 23% des
filles au secondaire fument la cigarette contre 16% des gars et 80% . En
1994, 38% des filles fument contre 24% des gars
- Pour ce qui est
de l'alcool, en enregistre une augmentation de 5% entre 1991 et 1994; On
peut remarquer que ce sont les filles qui consomment davantage: 68% contre
62% pour les garçons
- Pour ce qui est de la drogue, le nombre
de personnes qui consomment a augmenté de 6% de 1991 à 1994.
Il n'en demeure pas moins que selon cette étude, plus de 80% des
étudiants du secondaire n'aurait pas consommé de drogue,
ce qui selon l'aveu des étudiants de mes cours ne semble pas très
réaliste. Sur 33 étudiants de l'un de mes groupes, 3 seulement
n'avaient pas consoomé de drogue au
- secondaire! Les étudiants du CEGEP
de Lévis Lauzon proviennent d'un milieu à la fois rural et
urbain.
- Pour parler de
drogue, il faut définir ce que l'on entend par drogue. Dans le texte,
il est question de cigarettes, d'alcool et de marijuana.
- La plupart des ados qui fument la cigarette
consomment aussi des drogues (environ 95%). Les jeunes ont, entre 1991
et 1994, augmenté de 7% la consommation de la cigarette. Une raison
qui pourrait être en cause de cette augmentation c'est la baisse
des prix des paquets.14% des jeunes consomment à l'occasion.
3. Les adolescents sont mal dans
leur peau et n'ont
pas de projets d'avenir
Pour des observateurs
adultes, on est face à une génération morale, réaliste,
mais qui vit une angoisse intérieur incroyable. De nos jours, le
discours des adolescents tourne autour de la mort. Rien n'est vraiment
étonnant puisque les derniers drames collectifs tournent autour
de la mort. Selon cet auteur, 42,6% des jeunes disent avoir pensé
au suicide. Par ailleurs, le sexe des sujets comporte une incidence majeure.
Les filles sont deux fois plus nombreuses que les garçons à
en avoir fait l'expérience. Cependant, les garçons ont un
taux de mortalité par suicide quatre fois plus élevé
que celui des filles. Une des théories avance que les incidents
de parcours sont nettement plus présents chez les filles. Elles
sont trois fois plus à rapporter l'expérience d'une relation
sexuelle forcée, se sentent significativement moins bien dans leur
peau, éprouvent plus de stress et d'anxiété et se
sont elles qui vivent les grossesses et avortements. À la lumière
de ceci, les adolescents se décrivent bien dans le présent
et entrevoient d'un bon oeil leurs chances futures dans la vie. En conclusion,
oui il existe une angoisse chez les adolescents, phénomène
que l'on ne peut pas négliger et qu'il faut tenter de mieux connaître.
Cependant, on ne doit pas continuer d'afficher un portrait d'eux-mêmes
entaché d'un pessimisme qui leur est étranger.
4.
CONCLUSION
Plusieurs des mythes
nous démontrent bien certaines perceptions négatives face
aux adolescents. D'un autre côté, il faut voir la réalité
en pleine face, les adolescents font partie d'une société
où il est difficile de percer. Tout le monde a des problèmes;
par conséquent, il ne faut pas que voir les mauvais côtés
de la vie, il est essentiel que les jeunes s'appuient sur des objections
positives et qu'ils essaient de nous démontrer qu'ils sont aussi
capables que les autres de bâtir une société sur le
sens du monde. Alors, l'important n'est pas de se décourager aux
moindres déceptions, mais plutôt d'essayer de trouver une
solution et nous prendre en main.
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